- WEILL (K.)
- WEILL (K.)WEILL KURT (1900-1950)Compositeur allemand naturalisé américain, né à Dessau et mort à New York, Kurt Weill étudie à Berlin avec Engelbert Humperdinck (1918), puis avec Ferruccio Busoni (1921-1923). Jusqu’en 1933, date de son émigration, il écrit, outre ses célèbres ouvrages scéniques en collaboration avec Brecht, plusieurs œuvres dans les genres traditionnels, parmi lesquelles un Concerto pour violon (1924), une Symphonie no 1 (1921), partition d’un seul tenant assumant le lourd héritage du post-romantisme mahlérien, straussien et même schönbergien, et une Symphonie no 2 (1933), plus dépouillée, et dont l’aspect corrosif témoigne à la fois de son évolution musicale et humaine et du fait qu’il l’achève en exil. À partir de Mahagonny (Songspiel sur un texte de Brecht, 1927), il se tourne de plus en plus vers le contemporain (Zeitnähe ) et la critique sociale: l’opéra, devenu insupportable en tant qu’objet de consommation et de délectation bourgeoise, doit devenir événement conduisant le spectateur à l’activisme intellectuel et à l’engagement moral. Cela par le truchement de l’ironie et de la satire, et selon les mêmes normes que le théâtre épique de Brecht. De ces exigences d’opéra contemporain (Zeitoper ), la première manifestation d’envergure est L’Opéra de quat’sous (Die Dreigroschenoper , 1928), d’après L’Opéra des gueux (The Beggar’s Opera , 1728) de J. Gay et J. C. Pepusch. Sa collaboration avec Brecht se poursuit avec Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny , 1930) violente satire du capitalisme, le Berliner Requiem (1929), Le Vol de Lindbergh (Der Linberghflug , 1929), Der Jasager (1930) et surtout le ballet avec chant Les Sept Péchés capitaux du petit-bourgeois (Die sieben Todsünden der Kleinbürger , 1933). À l’avènement de Hitler, il émigre à Paris puis aux États-Unis, où il se livre au genre du musical play avec Johnny Johnson (1936), Knickerbocker Holiday (1938), Lost in the Stars (1949). Détesté par Schönberg et Webern, qui ne lui pardonnèrent pas de s’être détourné d’une conception sacrale de l’art, il fut aussi honni par les nazis pour avoir «indissolublement lié son nom à la plus abjecte corruption de notre art». Héritier de Mahler, du moins en partie, Kurt Weill revitalisa le néo-classicisme, fugue et choral y compris, par l’apport d’un sang rude et prolétaire.
Encyclopédie Universelle. 2012.